L'histoire de Sainte Jeanne de Lestonnac

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Jeanne de Lestonnac est née à Bordeaux. Son père est Richard de Lestonnac, sa mère Jeanne Eyquem de Montaigne, soeur de l'écrivain Michel de Montaigne. Elle est l'aînée d'une famille de six enfants.  Elle est baptisée en l'église Saint Eloi de Bordeaux. Elle sera une élève studieuse, vive et gaie.

Elle sera mariée à dix-sept ans à Gaston de Montferrand, Marquis de Landiras, Lamothe et autres lieux, dont la maison, alliée à celle de France, de Navarre et d'Aragon, est une des plus illustres du royaume. Elle est maintenant Marquise et cousine du gouverneur de Bordeaux.

Elle aura sept enfants, dont deux décèderont en bas age. Puis, en quelques années, elle perd encore son oncle, Michel de Montaigne, le soutien de son enfance, puis son père, son mari et son fils aîné.

Alors commence pour elle une autre vie, au service des pauvres de sa région. Tout en élevant ses enfants, elle se met au service des plus démunis, elle fabrique des vêtements pour les enfants pauvres, accueille sous son toit et nourrie les infirmes, les vieillards, elle les soigne, leur donne sa maison et une place dans son coeur.

Ses filles, Madeleine et Marthe, prennent le voile aux Annonciades de Bordeaux. François, son unique fils, va bientôt se marier. Seule sa fille Jehanne est encore avec elle. Depuis longtemps déjà, elle entend Dieu lui parler, elle décide alors de confier sa fille à son fils François, de lui laisser ses terres, sa fortune et sa maison, et de se retirer dans le couvent des Feuillantines de Toulouse, à l'époque un des couvents les plus austères.

Au bout de dix mois, Jeanne est obligée, pour des raisons de santé, de quitter le couvent. Elle rentre à Bordeaux. Mais la joie de retrouver sa famille est de courte durée. C'est l'époque de la grande épidémie de peste à Bordeaux. Elle se met au service des malades, dans les prisons, les hôpitaux, dans les maisons marquées d'une croix rouge parce que la peste est là. Le terrible hiver de 1604 et la canicule de l'été 1605 augmentent encore la misère et la maladie. Les enfants chassent leurs parents, les mères abandonnent leurs enfants pour ne pas être contaminés. La peur règne plus encore que la peste. Partout, Jeanne est là, elle soulage les mourants, soigne les malades. Elle apaise les colères, ferme les yeux des morts, les ensevelit dignement. Fin Août, la maladie s'apaise. Jeanne part enfin se reposer dans sa propriété.

En septembre 1605, deux religieux du collège de bordeaux ont ensemble la vision de la Vierge Marie à la tête d'un cortège de jeunes filles. Ils ont alors  l'idée de créer une école de jeunes filles Catholique. Il n'y a à l'époque qu'une école Calviniste. Tout naturellement, ils pensent en parler à Jeanne de Lestonnac. Elle n'est pas surprise, depuis, longtemps elle sait que le Seigneur l'appellera à son service.

Dés le début, neuf dames de la bourgeoisie de Bordeaux se joignent à elle. Jeanne soumet le projet à Monseigneur François de Sourdis, Cardinal de Bordeaux. Le Cardinal est à l'époque une personnalité de premier plan à Bordeaux. Jeanne se présente devant lui, toute simple, elle expose son projet, elle plaide pour l'éducation de ces jeunes filles de Bordeaux ou d'ailleurs. Le Cardinal l'écoute, il est conquis par ses paroles, par ce projet ambitieux pour cette ville ou la religion est si partagée, une compagnie de Notre Dame sur le modèle de la Compagnie de Jésus.... Il est conquis. Il décide d'en parler au Saint Père. Le 7 avril 1607, Sa Sainteté le Pape Paul V approuve la constitution de la Compagnie des filles de Notre Dame.

La Compagnie de Notre Dame s'installe dans le petit prieuré du Saint-Esprit. Le premier Mai suivant, Jeanne de Lestonnac et quatre de ses nouvelles soeurs prennent le voile, noir pour Jeanne, qui reçoit le titre de "Mère" et blanc pour ses compagnes qui seront désormais les "soeurs". Les enfants ne tardent pas à affluer au petit prieuré. Jeanne les accueille tous, elle les prend dans son coeur et voudrait pouvoir se donner toute entière à chacune.

Deux ans après, le prieuré est trop petit. La Compagnie Notre-Dame déménage rue du Hâ. Il est temps pour les novices de prononcer leurs voeux définitifs. Mais le Cardinal décide de regrouper leur ordre avec celui des soeurs de Saint Ursule. Plusieurs mois passent. Le 7 décembre, il doit partir à Rome. En chemin, il s'arrête dans une chapelle. Il a alors la vision de la Vierge Marie qui lui dit: "Je te confie Mes Filles". Il fait demi-tour, dés le lendemain, il reçoit les voeux de Jeanne de Lestonnac et de ses Filles. La Compagnie des Filles de Notre Dame est définitivement crée le 8 décembre 1610.

Il y a maintenant de nombreuses élèves dans la Compagnie. Les évêques voisins envient Monseigneur de Sourdis. Alors Jeanne quitte la paix de sa Communauté, elle part sur les routes de France, pour fonder de nouvelles maisons. Malgré son age, malgré les difficultés, malgré la perte de ses amis, de ses enfants, de sa mère, du Père de Bordes, son soutien, elle continue sa route. De nouvelles maisons sont ouvertes, à Périgueux, Béziers, Poitiers, Le Puy, Limoges, Sarlat, Agde, Frontignan, Narbonne, Perpignan, Gignac, Barcelone, Agen, Saintes, Pau, Tournon, Aurillac, Rodez, Avignon, Saint Flour,  et même à Saint Domingue.

Jeanne a maintenant soixante dix ans. Son oeuvre est immense, ses maisons sont partout. Le Cardinal de Bordeaux, celui de Toulouse, le Pape Paul V, l'encouragent. Les enfants viennent à elle, ses filles l'admirent, elles se sentent aimées, servies, protégées.

Le deux février 1640, Sainte Jeanne de Lestonnac entourée de ses filles, décède dans sa maison de Bordeaux.

Sainte Jeanne de Lestonnac a été Canonisée le 15 mai 1949.

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D'après "La belle histoire de Jeanne", Apostolat de la prière,  Toulouse.